Impressions suite à la visite du musée d’art moderne de Saint Etienne


Robert MORRIS, (Sans titre), 1968 - 1969. Aluminium. 150 x 428 x 420 cm. © ADAGP, Paris 2014. Photo  Yves Bresson  Musée d'art moderne.

Robert MORRIS, (Sans titre), 1968 – 1969. Aluminium. 150 x 428 x 420 cm. © ADAGP, Paris 2014. Photo Yves Bresson Musée d’art moderne.

Pour être franc, j’étais bourré d’aprioris vis-à-vis de cette bonne ville de Saint-Etienne. Que peut donc offrir une ville en faillite industrielle, enveloppée d’une grisaille autant atmosphérique que dépressive en raison de la fermeture des industries phares de la ville. Oui, j’en étais là, bêtement, dans mon jugement étriqué.

Mais c’est sans compter sur la clairvoyance de Béna ! Oui Bernadette, grâce à toi je suis aujourd’hui un peu moins ignorant. Tu es une source d’enrichissement spirituel et culturel et ton dynamisme mérite un coup de chapeau. Tu es, sans jamais montrer la moindre lassitude, toujours partante pour t’investir, sans réserve, dans des évènements proches de l’expression picturale de l’art moderne dans laquelle tu excelles.

Je dis que je suis maintenant un peu moins ignorant. En effet, je sais maintenant que je ne sais pas. Admettre et intégrer cette réalité, c’est souhaiter en guérir. Help ! Aidez-moi. Je suis noyé par des expressions qui n’étaient pas mon quotidien jusqu’à ma rencontre avec Group’Artuel. Depuis la peinture rupestre que de chemin parcouru. Peinture à l’huile et aquarelle dans les pays occidentaux et encre noire ou colorée dans les pays orientaux, ont été les seuls témoignages imagés de l’histoire de l’humanité, en plein essor durant la renaissance. Mais cet art n’a pu s’opposer, depuis la deuxième moitié du XIXe  siècle, à l’arrivée de la photographie qui s’est vite révélée être le support idéal de présentation des clichés des scènes observables. L’art pictural a dû évoluer vers l’art moderne et contemporain pour exister. C’est à partir de là que je m’y perds. L’impressionnisme, le postimpressionnisme, le fauvisme, l’expressionnisme, l’art abstrait, le cubisme, l’orphisme, le dadaïsme, la Colorfield Painting, le Hard Edge, le Néo géo, le street art (l’art urbain pour le frenchman), et tant d’autres expressions qui désignent, pour le néophyte que je suis, des moyens d’expression quasi identiques, sans grandes variantes. Et pourtant…

Dans ce dédale d’appellations confuses à mes oreilles, je découvre aussi les installations : Mise en scène intelligente du ressenti de l’artiste élaborée à partir d’objets hétéroclites, parfois incongrus, et de tailles multiples. Il ne faut pas qualifier ces créations de sculptures, mais elles peuvent être composées de sculptures. Ces œuvres ne se vendent pas. Elles sont élaborées pour être louée et exposée dans les biennales ou encore les salles dont les dimensions permettent un recul suffisant pour en avoir une bonne lecture. Ces œuvres ne sont pas des éléments décoratifs et donc très difficile à intégrée dans la déco de son salon.

Le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne vers lequel nous a orienté Béna le 16 mai dernier, propose un évènement baptisé USART, depuis le 18 janvier et jusqu’à décembre 2014. Comme son nom l’indique, cet évènement est une réunion d’artistes d’origines diverses mais ayant subi l’influence des moyens d’expression artistique américains (US) issus de l’après-guerre. Il n’est pas aisé de décrire en quelques mots l’œuvre de chaque exposant. Je dirai simplement que les œuvres de Peter Halley et Franc Stella m’ont fait comprendre, du moins je le pense, ce qu’est le Néo Géo ; tandis que les œuvres de Morris Louis, Jules Olitski et Larry Poons m’ont soulevé une paupière pour me faire entrevoir le Colorfield Painting. Mais ce n’est pas tout car l’Art n’aurait de fin qu’au travers l’absence d’imagination de l’humanité toute entière.

L’art minimal de Robert Morris possède l’ambition paradoxale de pérenniser l’éphémère en proposant dans sa chute une étoffe de feutre de grande dimension : fixée au mur par deux points distincts proches du milieu de l’étoffe. C’est le poids de la matière retombant de chaque côté des points de fixation au mur et la force de l’attraction terrestre qui crée l’œuvre, la sculpture.

Dans son expression de l’art minimal, Joël Shapiro a une approche différente, beaucoup plus proche de la création architecturale en ce qui concerne son installation faite de pentagones évoquant des maisons blanches mises en opposition à des bâtisses calcinées. Nous sommes des géants évoluant dans un monde de lilliputiens car ces pentagones n’ont, pour le plus grands, pas plus de vingt cinq centimètres de hauteur. Dans la salle adjacente, nous découvrons le gigantisme des sculptures de Shapiro. Le spectateur, dans les multiples perspectives qu’offre l’œuvre et selon son propre regard, reconnait dans telle ou telle forme sculpturale la représentation d’une chose précise née, cependant, de son imaginaire.

Sincèrement, je ne regrette pas mon excursion à Saint-Etienne. Le seul regret que je puisse avoir est sans doute la faible représentation masculine dans ces découvertes. Par exemple, à Saint-Etienne, j’étais le seul mec contre huit représentantes du sexe faible. Faible, image désuète et irréelle de la féminité : j’ai dû m’écraser tout le temps…

Michel DRUETTE



One Comment

  1. Eh oui ! Bien que ville sinistrée financièrement, St Etienne essaie de s’en sortir. Le musée d’art contemporain – que j’aime beaucoup – est une facette de cette volonté de vivre (+ que survivre). Personnellement, j’y vais régulièrement et je ne manque pas non plus la Biennale du Design, manifestation dont la qualité s’améliore chaque fois, dans un superbe cadre ; un événement que je vous conseille, qui prouve que St Etienne veut être là, dans son époque.
    Je ne suis pas stéphanois, mais je défends cette ville car, comme toi Michel, j’étais un ignorant plein de préjugés.

Laisser un commentaire