Rencontres photographiques d’Arles
À voir ! La quasi-totalité des sites d’exposition est regroupée dans le vieil Arles, ce qui permet aussi d’apprécier cette cité romaine méridionale aux ruelles étroites.
Trois éléments dominent la plupart des expositions : le noir et blanc, la femme et son corps, le portrait.
Magnifié, par exemple, dans les clichés de Lucien Clergue, le corps féminin n’est qu’objet de jeux sadiques sexuels dans l’œuvre de Nobuyoshi Araki dont l’ensemble des photos m’a presque donné la nausée. On est loin de la poétique de ‘’L’Arlésienne’’, revisitée par Christian Lacroix avec de magnifiques réalisations couleurs de Katerina Jebb et une ou deux photos de Cartier-Bresson tout simplement parfaites.
Trois portraitistes occupent une place de choix : l’anglais David Bailey (importante rétrospective), Patrick Swirc et Vincent Perez (les deux français étant ‘’délocalisés’’ dans la superbe Abbaye de Montmajour). Pour ces trois artistes, on ne peut pas éluder la question de l’intérêt de chacun des clichés : est-il dans le sujet ou dans l’objet ? Car ce qui attire le grand public, c’est que ce sont toutes de photos de personnes très connues (cinéma, chanson, politique…) ; le sujet médiatique ne risque-t-il pas de supplanter l’objet-photo ? Personnellement, les magnifiques portraits couleurs d’anonymes de Denis Rouvre m’ont plus marqué, de même que ceux d’une lauréate du concours SFR Jeunes Talents, Maud Bernos (clichés noir et blanc sur le thème ‘’Les marins ont tous les yeux bleus’’).
Quelques sites sont dédiés à des présentations plus académiques : les 40.000 monuments aux morts français (projet photographique participatif sous la direction de Raymond Depardon) accompagnés des clichés de Léon Gimpel (La guerre et ses gosses), le rôle politique de la photo dans la Chine (et l’Albanie) du XXème siècle (collections Claude Hudelot, Martin Parr et Wassinklundgren), les foules (photos de groupes américains de la collection W. M. Hunt). Le nombre important d’images dans ces lieux rend la visite parfois fastidieuse…
Au cloître Saint Trophime sont exposées les créations du duo Mazaccio & Drowilal, lauréats 2013 de la résidence BMW du musée Nicéphore Niepce de Chalon/Saône. Deux artistes bien dans la ligne du ‘’décept’’ actuellement en cours dans les écoles d’art : on peut donc éviter.
Je termine par l’étonnant brésilien Vik Muniz qui, à partir de découpages de milliers de photos souvent anciennes, construit des ‘’photos’’ de très très grand format par collage. Incontournable, qu’on aime ou pas !
Abasourdie, sans voix, époustouflée par le travail de Lucien Clergue en particulier dans sa série “Langage des sables” .Pour mémoire : Lucien Clergue (né le 14 août 1934 à Arles) est un photographe français. Il est le premier photographe à être élu membre de l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France, ami de Picasso et Michel Tournier…
Des images à prendre dans l’instant puis à décortiquer…
C’est jusqu’au 21 septembre : les infos sont à l’atelier !
Et Lucien Clergue est un des co-fondateurs des rencontres d’Arles (avec Tournier) en 1970 !